La Grèce, insoumise qui porte bien son « non »

Publié dans L'Imprévu
Conforté à la tête de la Grèce lors des élections législatives du 20 septembre, Alexis Tsipras a fait de la lutte contre l’austérité un cheval de bataille. S’il a cédé du terrain en acceptant un nouveau plan d’aide pour son pays – et les mesures d’économie qui l’accompagnent – le dirigeant de Syriza continue d’incarner une forme d’insoumission vis-à-vis de la troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international). À l’inverse de ses prédécesseurs, le Premier ministre, issu de la gauche radicale, assume une opposition claire et sans détour. Une attitude pas aussi singulière qu’elle n’en a l’air et qui puise ses sources dans la longue histoire grecque. Il perpétue l’héritage de décennies de lutte contre les institutions et les puissances étrangères.

Dans les rues d’Athènes, les affiches « Oxi » – non – s’abîment avec le temps. ll y a quelques mois à peine, le 5 juillet 2015, le peuple était appelé à s’exprimer par référendum sur un nouveau plan d’aide, synonyme pour beaucoup d’austérité. 62% des votants avaient alors refusé l’application de mesures de rigueur voulues par les créanciers internationaux, en échange d’un prêt supplémentaire. Ce vote intervenait quelques jours à peine après le défaut de paiement du pays, le 3 juillet. Mais après un bref espoir apparu durant l’été, la désillusion plane en ces jours gris d’automne. Le mémorandum troisième du nom est acté et les réformes qu’il induit devraient arriver avant l’hiver.

Le poids de l’histoire
Endettés, au pied du mur et proches d’une sortie de la zone euro, la majorité des Grecs ont opté, dans les urnes, pour la posture indocile du « non ». Un message clair qui s’inscrit dans une tradition historique. « En Grèce, c’est toujours bien vu de résister : en disant « non » au référendum, on jouait avec le symbole du non de 1940, lorsque les Grecs avaient refusé l’ultimatum de Mussolini. »

(Avec Mehdi Zaaf)

...