Exposition « Migrations, les escales du vide » à Reims

Du 24 mars au 7 avril, dans le cadre du festival de théâtre Mélimômes, organisé par l’association Nova Villa, l’exposition Migrations, les escales du vide se tient à la Comédie de Reims.

“Migrations, les Escales du vide” est une série de dessins réalisés en 2015-2016 sur la route des réfugiés en Europe.

Trois escales. Trois lieux.
Lesbos-Athènes : En 2015, Lesbos est la porte d’entrée de l’Europe pour de nombreux migrants. Située à une douzaine de kilomètres de la Turquie, l’île grecque de 90000 habitants est devenue une voie de passage. Des milliers de réfugiés ont traversé l’Egée pour accoster au nord de Lesbos. De nombreux bénévoles du monde entier sont également venus prêter main forte. Les plages de galets sont devenues oranges, recouvertes de gilets de sauvetage. La mer azur s’est transformée en cimetière, en raison des naufrages. Des camps de réfugiés se sont imposés sur les hauteurs vertes de l’île. Lesbos est un tableau sombre qui illustre le périple vers l’Europe de l’Ouest. Les migrants ont ensuite poursuivi leur chemin vers Athènes, la capitale grecque, où ils ont rejoint les camps officieux, univers improvisés, avec leurs propres règles.


Idomeni-Gevgelija : Ces deux villes voisines sont situées au nord de la Grèce et sud de la Macédoine. Elles sont cernées d’étendues où la nature et le vide dominent. Puis, entre deux, une gare d’un autre temps, qui semble à l’arrêt. De lignes de chemin de fer rouillées, de poteaux symétriques qui s’affaissent, de fils électriques qui tranchent le paysage. Du jour au lendemain, un vaste camp de réfugiés s’est installé entre les communes. Des barbelés et des militaires ont investi la frontière désertique. Le vide a laissé place aux tentes, le silence aux cris d’enfants, les talus aux poubelles qui s’entassent. Les migrants ont été soumis à ce quotidien, coincés entre Idomeni, la bourgade de 150 âmes aux maisons abandonnées et Gevgelija, le mini « Las Vegas macédonien » aux casinos clinquants.


Calais : D’ordinaire, les frontières – que j’ai pu voir – en Europe où s’installent les camps de réfugiés sont des lieux vides. En pleine nature. Loin des villes, on installe ces lieux que l’on ne veut pas voir. Alors Calais fascine : sa frontière est urbanisée, elle est un poumon économique pour la région, avec les infrastructures Eurotunnel et Car ferry, où transitent des milliers de camions entre la France et l’Angleterre. La « Jungle » (tiré du mot persan « djangal », qui veut dire forêt) a tout impacté. Situé dans une ville, en face d’habitations, le camp de migrants a soulevé des problématiques. La cohabitation, notamment, de deux univers : les riverains, dépassés, et les migrants déterminés ou désespérés. Ceux qui sont arrivés à Calais – majoritairement Afghans, Soudanais, Erythréens – ont souvent connu les conflits, la mort. Ils n’ont plus rien à perdre et tentent des traversées périlleuses jusqu’à l’Angleterre. Ce migrant qui cherche à fuir la guerre, est également devenu au fil des mois, malgré lui, un enjeu politique. La situation à Calais, d’où l’on distingue les côtes anglaises à quelque trente kilomètres est violente.