Des juges, écrivains, avocats appelant le gouvernement au « respect de l’État de droit ». Des rassemblements à Athènes réprimés en quelques minutes par des kyrielles de policiers anti-émeutes. Depuis plusieurs jours, de plus en plus de voix interpellent le gouvernement conservateur grec sur le sort du prisonnier Dimitris Koufodinas, ancien responsable de l’organisation d’extrême gauche 17-Novembre, en grève de la faim depuis 52 jours et en grève de la soif depuis le 22 février.
L’homme de 63 ans réclame son retour à la prison de Korydallos, près d’Athènes, à proximité de sa famille, ce que refuse le gouvernement conservateur. M. Koufodinas a été condamné en 2003 à 11 peines d’emprisonnement à perpétuité pour participation à 11 meurtres. Il est considéré comme le chef des opérations de l’organisation d’inspiration marxiste-léniniste 17-Novembre ou 17-N[1], ayant commis des dizaines d’attentats et tué 23 personnes entre 1975 et 2002. Parmi les cibles du groupe : des tortionnaires de la dictature des colonels (1967-1974) toujours dans la nature après sa chute, le chef d’antenne de la CIA en Grèce – les États-Unis ayant soutenu la junte – des responsables politiques ou hommes d’affaires turcs, grecs, etc.
Les appels à l’exécutif grec se font d’autant plus pressants que, selon l’un de ses médecins, le détenu actuellement en soins intensifs risque de perdre la vie dans les prochains jours si rien ne change. Le bureau local du procureur de Lamia (Centre), où il se trouve, a rendu cette semaine une ordonnance exigeant la prise de toutes les mesures médicales nécessaires pour maintenir Koufodinas en vie – ce qui n’implique pas une alimentation forcée. Il serait alors le premier détenu à succomber d’une grève de la faim en Europe depuis 1981, date de la mort par inanition des prisonniers républicains irlandais, dont Bobby Sands, au Royaume-Uni.
La requête de M. Koufodinas est pourtant conforme à la loi, rappellent 1 000 avocats signataires d’une tribune. Depuis 2018, il purgeait sa peine dans une prison rurale, un lieu correctionnel où les prisonniers veillent à des tâches agricoles. Il a toutefois été transféré fin décembre dans la cellule d’une prison de haute sécurité, à Domokos (Centre).
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