Alexandroupoli (Grèce) – Un vent léger fouette les drapeaux grecs du front de mer d’Alexandroupoli. La chaleur écrase les touristes turcs ou bulgares qui s’engouffrent dans un phare blanc, fierté de la ville, construit en 1880 par la Compagnie française des phares et balises de Méditerranée.
Les badauds attablés devant leurs tsipouro remarquent à peine, ce 21 août, l’imposant cargo américain « Liberty Pride », à quai dans le port, en contrebas de la promenade. Sa cargaison ? Près de 300 « équipements militaires » destinés à des pays alliés de l’Alliance atlantique, nous informe l’armée américaine, qui n’en dira pas plus.
« Les habitants savent que les Américains sont présents, qu’il se passe quelque chose… Mais ici on sait qu’il ne faut pas poser trop de questions », signale l’affable Giorgos Mavrommatis, un universitaire du coin, en savourant ses anchois fraîchement pêchés dans l’Égée. « Tout le monde a, parmi ses proches, quelqu’un lié à l’armée grecque », explique M. Mavrommatis, qui rappelle qu’ici, le secret militaire est une tradition locale.
Car cette ville de 70 000 âmes est un poste militaire à une vingtaine de kilomètres de la Turquie. Les soldats des deux pays, en désaccord sur leurs frontières maritimes et aériennes, se toisent.
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