De faibles lumières apparaissent dans le noir. Elles dessinent les fenêtres identiques d’un immeuble en béton de Varsovie. Les cris de six enfants résonnent dans la cour en ciment. Des bambins courent dans un loft moderne et l’un saute à pieds joints sur un sofa chic. Le propriétaire, M. Darek Gocławski, converse en russe avec leurs mères, Mmes Tatiana Levtchenko, Irina C. et Anna B. (1). Ce sont ses « invitées » d’Ukraine, explique cet architecte polonais.
Dès le 24 février, jour de l’invasion russe du pays voisin, il a proposé d’héberger des déplacés de guerre dans son vaste espace de travail. « Les femmes et les enfants déferlaient à la gare, je ne pouvais pas ne rien faire. La guerre n’est qu’à trois cents kilomètres de chez moi, s’émeut-il. J’ai lancé un appel sur le réseau Facebook. Je pensais que cet accueil serait temporaire. » Mais la guerre dure encore. L’exode aussi. Alors au printemps, ce père de famille a demandé à ses vingt et un collaborateurs qui occupaient ce plateau de travailler à distance. Il a investi 6 400 euros pour créer trois chambres et une cuisine. Il a accroché une balançoire au plafond. Les croquis de perspectives se mélangent maintenant aux coloriages d’enfants sur les murs blancs.
Les locations se raréfient dans les grandes villes
Dès les premiers jours de l’attaque russe, la Pologne et ses trente-huit millions d’habitants, soutiens affichés de Kiev, se sont mobilisés en sa faveur. Le Parlement a voté une loi garantissant aux déplacés ukrainiens un accès au marché du travail, à l’éducation, aux prestations sociales.
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