Chișinău (Moldavie) – Lundi 10 octobre, une pluie de missiles s’est abattue sur l’Ukraine. Au moins dix personnes ont été tuées dans ces frappes russes. Ce jour-là étaient visées les infrastructures énergétiques du pays, a déclaré le président Vladimir Poutine. Des coupures d’électricité ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, dont Kyiv (Kiev).
À 400 kilomètres de la capitale ukrainienne, Chișinău, la capitale moldave, a aussi subi les conséquences de ces attaques. La Moldavie a annoncé une coupure de 30 % de ses approvisionnements en électricité, qui venait de l’Ukraine voisine.
Dans l’actuelle offensive énergétique de Moscou, la Moldavie est en effet un pays très vulnérable, rappelle, inquiet, Victor Binzari, dans son bureau au décor minimaliste situé à Chișinău. Depuis plusieurs mois, le directeur de l’entreprise publique Energocom, 16 salariés, a la lourde charge de trouver des énergies à prix abordables sur les marchés étrangers.
« Mais à elle seule, la Moldavie n’a pas les moyens d’acheter sur les marchés européens. Pour l’heure, les 70 % d’électricité qu’il nous reste sont produits par une centrale thermique qui se trouve en Transnistrie », explique Victor Binzari. Cette région prorusse de 470 000 habitant·es, située dans l’est du pays, a fait sécession en 1992. « Mais l’électricité de Transnistrie est totalement produite à partir du gaz russe, précise-t-il. La Moldavie dépend encore aujourd’hui à 100 % du géant russe Gazprom. »
Ce jeune directeur expose ainsi toute la complexité et la fragilité du système d’approvisionnement moldave. Enclavée entre la Roumanie, membre de l’Otan, et l’Ukraine en guerre, cette ancienne république soviétique – jusqu’en 1991 – n’a aucune souveraineté énergétique.
La Moldavie est depuis trente ans à la merci de Moscou pour ses livraisons de gaz. « Il coûte moins cher que celui des marchés européens. Pendant des décennies, c’était confortable pour les gouvernements et nous n’avons pas vraiment cherché à réduire ces importations », résume Victor Binzari. Aujourd’hui, sur fond d’invasion ukrainienne, le petit pays dirigé par le parti pro-européen Parti action et solidarité (PAS, centre-droit) le paye toutefois cher. Gazprom, outil du Kremlin, accentue la pression sur la Moldavie.
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