Afghans, la communauté hors jeu

Publié dans Le Temps
Sur la totalité des migrants arrivés en Grèce, les Afghans constituent la deuxième nationalité. Leur pays n‘est pas inscrit dans la liste des «éligibles» à la relocalisation. Pas automatiquement protégés par les conventions de Genève, absents de l’accord UE-Turquie, leur marge de manœuvre est quasi inexistante. Leurs options sont les suivantes: patienter en Grèce, forcer le passage au nord, faire marche arrière.

La nuit tombe à Athènes quelque part entre les places Victoria et Omonia. Deux jeunes hommes marchent sans se presser. C’est la dernière fois qu’ils arpentent ensemble ces trottoirs usés. Demain, Farhad, 19 ans, rentre à Kaboul. Son aventure s’arrête là, il n’y croit plus. Ahmad, 23 ans, son compagnon de route, lui remet quelques cadeaux pour sa famille restée en Afghanistan. Une montre, des parfums, un peu de rêve en toc.

Plus loin, un troisième homme les interpelle. C’est Arshad, 20 ans, un ami qui avait disparu de la circulation. Les deux dernières semaines, ce jeune Afghan les a passées en prison. Contrôlé alors que son permis de séjour n’était plus valable, il a été relâché aussi subitement qu’il avait été arrêté.

Si ce soir, les chemins de ces trois migrants se sépareront, jusqu’ici, leur route était commune. Fuyant la guerre des talibans, ils étaient venus chercher la paix en Europe. Arrivés quelques jours trop tard, ils ont vu leur rêve s’effondrer lorsque la route des Balkans s’est fermée. Piégés dans la capitale grecque, matin, midi et soir, ils se sont répétés leurs options. Rentrer, rester, continuer. Après quarante jours d’errance, personne n’a pris la même décision. Farhad repart auprès des siens, à Kaboul. Arshad s’en va vers le nord de la Grèce avec un passeur. Ahmad enfin, reste à Athènes, dans l’incertitude…

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