En Suède, la désillusion des déracinés syriens

Publié dans Les Inrocks
A Halmstad en Suède, l’attente des demandeurs d’asile est longue. Conscients de la chance aujourd’hui d’être passés à travers les frontières européennes, ces exilés qui ont fui la guerre ressentent néanmoins le poids du déracinement et l’ennui d’une vie entre parenthèses.

Jeudi soir. Il neige dans les rues calmes d’Halmstad. Les rires de Frdoes et Hassan* résonnent entre les maisons de brique rouge. Apprêtés, cheveux gominés, ces deux Syriens de 20 ans se rendent dans l’un des lieux d’animation qui bougent en milieu de semaine. Un dernier selfie avant d’entrer dans le club de billard. Contents, ils font des blagues en arabe, se surnomment “Habiby”, envoient des photos sur WhatsApp.
Frdoes jette un regard discret sur une jolie Suédoise. “Les blondes aux yeux bleus sont des anges, je n’en voyais jamais avant en Syrie”, sourit-il. “Mais elles ne nous regardent pas vraiment. En Suède, les adultes sont accueillants et gentils. Mais les jeunes nous parlent moins.” Lui n’a pas vu sa copine depuis des mois. Elle vit à Dubaï et sur son fond d’écran de portable.
Frdoes et Hassan sont des déracinés. Partis de la Syrie en guerre, ils sont venus se reconstruire dans une Suède en paix. Le premier de Damas, le second d’Idlib. Ils veulent disent-ils simplement “une nouvelle vie” après avoir parcouru la “route des Balkans”. Mais pour ces jeunes gens pressés de vivre, l’attente est longue dans ce qu’ils surnomment la “Ghost city”, Halmstad, ville de 90 000 âmes, au sud-ouest du pays. Frdoes et Hassan sourient toujours, mais froncent les sourcils lorsqu’ils évoquent le “foutu asile”.

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