« Je suis grec et pour la première fois de ma vie, je ne travaille plus au noir »

Publié dans L'Epoque - Le Monde
Ce jeune architecte de 32 ans vient d’être embauché légalement par le cabinet dans lequel il travaillait depuis six mois à Athènes. Il gagne près de 600 euros par mois.

« Pour la première fois de ma vie, à 32 ans, je ne travaille plus au noir. Je viens de signer mon premier véritable contrat dans un cabinet d’architectes, à Athènes. Avant la crise de 2008, on n’embauchait pas les architectes ou les ingénieurs au noir en Grèce. Aujourd’hui c’est assez fréquent, parce que les employeurs ne peuvent plus, ou ne veulent plus, payer nos cotisations. Et nous, on accepte, car on n’a pas le choix. Le chômage est tellement élevé qu’avoir un travail est devenu un luxe. Je suis diplômé en architecture depuis 2011, mais je n’avais jamais été déclaré, je ­gagnais 500 euros mensuels. En Grèce, cette situation est banale dans le privé. Ça ne choque plus beaucoup.
Pourtant, je m’étais investi pour me construire un avenir. En 2004, j’ai commencé des études d’architecture en Italie, à l’Ecole polytechnique de Milan. Mon père, architecte lui aussi, m’a encouragé, en disant que le métier était porteur. Mais avec la crise qui dure, les constructions sont à l’arrêt. Lorsque je suis sorti de l’école, on m’a proposé pour la première fois de travailler au noir, en Italie. A l’époque, en 2011, ça ne me paraissait pas si dramatique. Je devais faire des recherches, j’étais payé 400 euros par mois.

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