26 septembre 2022. Les eaux saumâtres de la mer Baltique tremblent. Des explosions retentissent dans les profondeurs du vaste bassin de Bornholm, du nom de l’île danoise à quelques kilomètres de là. Elles visent les deux gazoducs Nord Stream reliant l’Allemagne à la Russie.
En six jours, plus de 115 000 tonnes de gaz s’échappent de tubes endommagés. Les phoques, les marsouins communs, les poissons qui nageaient dans un rayon de quatre kilomètres sont probablement morts, selon des scientifiques. Pour eux, l’effet a été assourdissant sur 50 kilomètres. Les sédiments qui recouvraient les fonds marins, fins comme de la poussière, ont été dispersés sur plusieurs mètres.
C’est un drame pour cette mer intérieure, connectée à l’Atlantique par la seule mer du Nord, et dont le renouvellement des eaux peut prendre jusqu’à trente ans. Car un autre danger invisible plane. Des agents toxiques chimiques pourraient avoir été éparpillés, avancent prudemment des experts.
Le sabotage des gazoducs avec du TNT, dont l’origine reste inconnue à ce jour, a en effet eu lieu à une vingtaine de kilomètres d’une décharge d’armes sous-marine datant de la Seconde Guerre mondiale. Environ 32 000 tonnes d’armes chimiques, dont des munitions contenant des agents toxiques comme le gaz moutarde, ont été déversées à 137 mètres de profondeur dans le bassin de Bornholm en 1945, 1947 et 1948.
Au total, au moins 40 000 tonnes d’armes chimiques (obus d’artillerie, mines, munitions diverses…) jonchent les fonds de la Baltique. Au moins 15 000 tonnes d’armes contiennent des produits toxiques tels que l’ypérite (gaz moutarde), le tabun (un agent neurotoxique) ou encore le phosgène (un gaz suffocant).
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